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Orlulas

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luPosté le Samedi 27 Août 2016 à 16h27 :

Au siècle dernier Coluche nous disait « Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit ». Mais ce n’est pas parce qu’un bulletin de vote ne sert à rien qu’il faut se laisser abattre car notre argent a encore du pouvoir, lui.
Dites-vous que chaque achat que vous faites est assimilable à un bulletin de vote en faveur de la société que vous voulez ! En partant de ce principe, il faut donc entièrement revoir le concept du bon achat : grâce au marketing et aux promotions incessantes, la société nous enseigne que l’on fait une "bonne affaire" lorsqu’on obtient un bien ou service pour une somme moins élevée qu’ailleurs…
Toutefois, si l’on se place maintenant dans une logique solidaire, un achat responsable correspond au fait d’obtenir un bien ou service en ayant donné son argent à la bonne personne, et même si cela m’a coûté plus cher qu’auprès d’une multi-nationale !
À propos d’argent, vous êtes-vous déjà demandé ce que devient votre argent au moment où vous passez à la caisse d’une grande surface ? Si vous pensez qu’il sert essentiellement à payer les salariés et revient aux fournisseurs ou à l’agriculteur du coin, ce n’est malheureusement pas le cas !
En majorité, cet argent quitte votre région (voir votre pays) pour rejoindre un bassin central contenant tous les bénéfices de la franchise, dont la répartition est décidée par des actionnaires aux poches bien remplies… À grande échelle, cela a des conséquences dramatiques car les richesses produites par une région s’enfuient dans des paradis fiscaux étrangers ou sur des places boursières présentant autant de risques qu’un casino, laissant la population locale démunie car tout cet argent ne sera pas investi près de chez elle et ne pourra donc pas lui revenir d’une façon ou d’une autre… Depuis les années 90, ce phénomène d’évasion s’est gravement accentué, exacerbant les différences de patrimoine entre la haute société toujours plus riche et le reste de la population, en partie responsable de sa misère à cause de son ignorance !
Une fois que vous aurez pris conscience du fait qu’acheter à Carrefour, Leclerc ou autre revient à cautionner ce système, cela donne instantanément envie d’agir non ? Voilà qui tombe bien car nous sommes là pour avoir de meilleurs lendemains.
Mais comment y remédier alors ? Et bien la principale solution consiste à faire ses achats auprès de personnes qui vivent près de vous et vont donc dépenser leur argent localement : cela peut être un boucher, un boulanger, un charcutier, un crémier, un épicier, un maraîcher, un poissonnier, etc. Bref, tout un tas de personnes que vous êtes susceptibles de rencontrer au marché de votre ville par exemple !
En grossissant un peu le trait, en faisant des achats au marché vous aidez une petite fille à suivre des cours de violon ou à partir en vacances avec sa famille. Tandis que consommer dans une grande surface, c’est permettre à un grand patron de s’offrir un nouveau yacht ou bien à un actionnaire d’acheter une énième propriété…
Je sais bien qu’il n’est jamais simple de changer ses habitudes, d’autant que je n’ai pas été élevé selon ce mode de pensée puisque mon père est responsable de rayon dans une grande surface. Pour ma part, j’ai profité d’avoir du temps en Juillet 2016 pour me fixer l’objectif suivant : acheter le moins de choses possible dans un supermarché !
Pour cela, j’ai commencé par établir une liste de courses responsable qui m’aide à savoir où me procurer les biens courants alimentaires. Ensuite, je me suis renseigné sur les jours et horaires des marchés autour de ma ville : c’est là que je suis tombé sur les commerces indépendants des Halles, ouverts chaque jour, y compris l’après-midi (contrairement à la majorité des marchés) !
L’heure est alors venue de prendre mon courage à deux mains – j’ai dû me faire violence – pour tourner le dos à son hypermarché favori et se rendre aux Halles muni de ma liste de courses afin d’y trouver une source d’approvisionnement saine pour chaque élément de cette dernière…
Forcément, je ne suis pas parvenu à trouver tout ce que je voulais dans la nouvelle épicerie bio que je fréquente désormais, mais pour le mois d’Août j’ai dépensé environ 40€ à Monoprix (contre plus de 220€ à Carrefour en Juin), l’intégralité du reste de mes courses alimentaires étant faite auprès des bonnes personnes !
Voilà, ça soulage de faire une bonne action hein ? En tout cas, rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle action individuelle vers un monde meilleur et d’ici-là portez-vous bien ! smiley content

Dernière édition le Lundi 1er Mai 2017 à 18h47

Qslakhe

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luPosté le Dimanche 28 Août 2016 à 02h16 :

 Quarante balles à Monoprix ? Vu les prix de l’enseigne, t’as pas dû acheter grand chose. smiley satisfait

 Depuis tout petit, j’ai eu l’habitude de voir mes parents faire le marché, puis j’ai pris l’habitude de le faire moi aussi. Jamais, ou presque, on n’a eu à la maison de fruits, légumes, viande ou pain du supermarché : les seules fois où c’est arrivé, c’était parce que la boulangerie était fermée et qu’il fallait absolument du pain, ou des trucs comme ça.
 Pour les fruits et légumes, même si ça dépend des supermarchés et des commerçants (sur le marché ou en boutique), généralement, c’est bien meilleur quand on l’achète à un commerçant. C’est surement plus cher, mais comme on l’a déjà dit : la qualité a aussi un prix et quand on peut se le permettre, on aurait tort de s’en priver.

 Personnellement, je ne tiens pas un compte précis ce que je dépense au supermarché, mais ça doit aussi tourner dans les cinquante euro par mois (dont une trentaine en chocolat… le reste en pâtes, lait, beurre, riz, quinoa, jus de fruit, blé, lessive, produits d’entretien…) ; et en plus, c’est au petit Franprix au coin de ma rue… J’achète d’ailleurs, déjà ma semoule sur le marché et je pense bientôt aussi faire pareil pour les lentilles et le riz (ou aller l’acheter chez l’épicier iranien, mais là, je dois reconnaitre avoir la chance d’être dans une grande ville pour en trouver un !).



 Par contre, je ne peux que m’élever contre le fait de dire que le bulletin de vote ne sert à rien. Il ne sert à rien que si on ne s’en sert pas ou qu’on s’en sert pour voter toujours pour les mêmes personnes, qui ne tiennent pas leurs promesses électorales ; mais ce n’est pas parce que certains élus ne font pas ce qu’on voudrait qu’ils fassent que ceux qui ne sont pas élus auraient fait pareil. D’autant que la plupart des élus sont des élus locaux, au contact de leurs électeurs, et appliquent quand même l’essentiel de leur programme ; on peut ne pas être d’accord avec ce programme, mais c’est le jeu de la démocratie : la majorité les a choisis et c’est ses bulletins qui ont compté.
 On ne peut pas prendre en compte l’avis de chacun, sinon, c’est le règne du consensus : non seulement, ce qui sera décidé (si quelque chose est décidé) n’arrangera personne, mais surtout ça dérangera tout le monde…

 Le vote pour le front populaire, en 36, n’a pas servi à rien : sans lui, on n’aurait pas eu les congés payés et la semaine de quarante heures. Pareil en 81 : si les gens qui ont porté Mitterrand au pouvoir s’étaient dit que ça ne servait à rien, on n’aurait pas eu l’abolition de la peine de mort ni la cinquième semaine de congés payés. Presque toutes les avancées ont été conquises par la conjonction d’un mouvement social important et par l’arrivée au pouvoir de forces progressistes, qui ont mis en œuvre les revendications de ce mouvement social.
 C’est vrai avec la Convention en 1792, avec la Commune en 1871, avec le front populaire en 1936, avec l’élection de Mitterrand en 1981… Si, à chaque fois, les gens s’étaient dit que leur vote ne servait à rien, ils auraient laissé le pouvoir aux précédents et auraient dû se contenter de quelques rogatons.

 Voter pour des gens dont on sait qu’ils n’appliqueront pas leur programme, je suis d’accord : ça ne sert à rien. Ou plutôt : c’est un peu bête. Mais ne pas voter, c’est le meilleur moyen de ne pas porter au pouvoir des gens dont on partage les idées et qui pourront mettre en œuvre avec l’appareil administratif ce qu’on veut avoir ; et je trouve que, dans ce cas, ça sert vraiment à rien non plus.
 C’est comme pour les actions citoyennes individuelles : si chacun se dit que son action ne fera rien, sera inutile et qu’en conséquence, personne ne fait rien, il n’y aura aucun changement. De la même manière : un vote isolé ne sert certes pas à grand chose, mais c’est en groupe, en masse, que ça peut peser sur la balance et faire changer les choses.
 Pour en revenir au sujet : changer les habitudes individuelles et préférer les petits commerces aux grandes surfaces, c’est bien ; mais porter au pouvoir des gens qui utiliseront l’appareil de l’État pour développer le petit commerce et dire stop aux grandes surfaces, à coup de lois anti-concentration, d’aide aux artisans, aux paysans, aux petits commerçants, de manière à rendre les petits commerces accessibles à tout le monde, y compris à ceux qui ont de faibles revenus, c’est mieux.

 Bon, en me relisant, je vois qu’il est tard : je n’arrête pas de me répéter ou de me paraphraser ; donc je vais en rester là : je pense qu’on a compris ce que je veux dire.

Orlulas

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luPosté le Dimanche 28 Août 2016 à 15h51 :

Ta réponse est intéressante : c’est une chance d’avoir été élevé dans cet état d’esprit ! Quant au passage sur le bulletin de vote, c’est simplement un petit coup de gueule pour attraper le lecteur dès l’introduction car cet article est destiné à paraitre dans la gazette de Nuit Debout Brest sous la forme d’une chronique mensuelle nommée « VERS UN MONDE MEILLEUR : Puisque changer le monde commence par se changer soi-même, chaque numéro propose à ceux d’entre-vous qui le souhaitent d’acquérir une nouvelle habitude de vie concrète qui aura des impacts positifs sur notre société. »

Qslakhe

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luPosté le Dimanche 28 Août 2016 à 22h41 :

Citation de "Orlulas" :

Quant au passage sur le bulletin de vote, c’est simplement un petit coup de gueule pour attraper le lecteur dès l’introduction car cet article est destiné à paraitre dans la gazette de Nuit Debout Brest sous la forme d’une chronique mensuelle



 Je vois. Même si j’aime bien la provocation pour interpeler les gens, je trouve quand même dommage de dire ça, sans le nuancer par la suite. Que l’article commence en disant qu’un bulletin de vote semble ne servir à rien ou qu’on n’écoute pas les électeurs, d’accord : c’est effectivement un ressenti qu’on peut avoir… surtout quand on n’a pas voté pour le candidat élu, mais bon… je trouve ça gênant, quoi. Et personnellement, un tract ou un article qui commence comme ça a de bonnes chances de me braquer et de ne pas m’inciter à suivre ses conseils.

Orlulas

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luPosté le Lundi 29 Août 2016 à 16h29 :

Tu as sans doute raison : n’hésites-pas à proposer une autre version de l’introduction si jamais tu as un peu de temps, perso je suis dans les préparatifs de la rentrée ! smiley yeux roulants

Qslakhe

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luPosté le Lundi 29 Août 2016 à 20h43 :

Citation de "Orlulas" :

perso je suis dans les préparatifs de la rentrée ! smiley yeux roulants



 Pas moi, peut-être ? smiley lol



 Peut-être quelque chose comme « Mais ce n’est pas parce qu’un bulletin de vote ne sert à rien si, à côté, on ne s’engage pas conformément à ses idées, qu’il faut se laisser abattre car notre argent a encore du pouvoir, lui » ? La phrase est peut-être un peu lourde, par contre.

damdoom

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luPosté le Jeudi 6 Octobre 2016 à 20h50 :

Je suis malheureusement d’accord avec Orlu... Le porte-monnaie pèse beaucoup plus lourd qu’un bulletin de vote. Il n’y a qu’à voir le (non) choix qu’on aura l’année prochaine pour élire notre monarque pour le comprendre : un candidat PS qui n’aura pas de majorité dans son propre camp (et ce quel que soit le candidat), un LR (au choix ex-président ou ex premier ministre) avec lequel il faudra s’attendre à un virage ultra-libéral et ultra-sécuritaire (c’est sûr qu’à coté, Valls est un plaisantin), un Mélanchon qui la joue anti-système en étant lui même issu de ce système et qui a mes yeux vend le plus de rêve et Le Pen (comme Mélanchon, le rêve en moins). Ceux-la vont truster plus de 80% des voix au premier tour et dans les 20% restants, on va trouver quelques candidats d’extrême-gauche, écologiste, centriste ou souverainiste... C’est triste à dire mais ça fait 14 ans que je vote blanc des élections départementales aux élections européenne (la dernière fois, c’était pour voter Chirac en 2002, parce que fallait pas déconner quand même). Je fais une exceptions pour les municipales parce que ce sont (à l’échelle des villes où j’ai habité) des gens "normaux".

Je suis peut-être pessimiste mais je ne pense pas que l’on verra de grandes avancées sociales dans les années à venir. La société est devenue individualiste à souhait, les gens se replient sur eux-mêmes avec la peur de ce qui est différent d’eux, la classe politique dans son ensemble surfe sur ces peurs et les attise, les lois liberticides pleuvent sous prétexte de sécurité et tout le monde avale sans broncher... Honnêtement, je ne crois pas à un changement par les hommes politiques et aucun homme non-encarté n’accèdera au pouvoir pour changer quoi que ce soit.

Qslakhe

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luPosté le Vendredi 7 Octobre 2016 à 00h18 :

Citation de "damdoom" :

Je suis malheureusement d’accord avec Orlu... Le porte-monnaie pèse beaucoup plus lourd qu’un bulletin de vote.



 Si 5 % seulement de la population essaie de changer les choses en changeant ses habitudes mais en se disant que voter ne sert à rien, ça aura le même effet que si 5 % de la population se décide à voter pour des candidats qui changeront les choses (quelle que soit l’échelle), à savoir : aucun effet, parce que ça ne fait pas assez de monde.

 Mais si, de 5 % on passe à 15, 20, voire plus, ça aura un impact ; impact qui sera d’autant plus important si ces gents votent. Ne pas voter ou voter blanc, c’est le meilleur moyen de voir élus les gens qu’on ne veut pas voir élus et c’est aussi le meilleur moyen de ne pas être écoutés desdits élus. Ils sont au pouvoir, ils font les lois, les règlements, sont aux ordres du grand patronnant, notamment celui des grands médias… si on continue de leur donner un blanc-seing à chaque élection en ne s’arrangeant pas pour qu’ils tombent, ils vont continuer à mener la politique qu’ils mènent ; et pourquoi s’en priver : le suffrage universel direct leur aura dit qu’ils ont raison et qu’ils sont soutenus par la population.
 Et on aura beau s’investir dans toutes les initiatives locales, suivre tous les boycottages qu’on veut, etc. ça ne changera rien. Un simple exemple : le Larzac. Sans l’élection de Mitterrand, il y aurait une base militaire dessus, aujourd’hui. Un autre exemple : Notre-Dame-des-Landes ; si on vote blanc et laisse passer les gros candidats, tous favorables à l’aéroport, malgré toutes les manifs, toutes les occupations, toute la casse, tous les métingues, tous les boycottages, etc. qui pourront être faits, l’aéroport sera construit.
 À moins d’une révolution, évidemment, mais d’ici à ce que suffisamment de monde soit prêt à la faire, l’aéroport sera déjà fini.


 Tous les routards de la politique qui sont au pouvoir et sont globalement interchangeables, ça les arrange et ça fait leur jeu, qu’on se dise que voter ne sert à rien. Comme ça, ça leur évite que les mécontents aillent voir ailleurs et risquent de leur retirer leur mandat.


Citation de "damdoom" :

Il n’y a qu’à voir le (non) choix qu’on aura l’année prochaine pour élire notre monarque pour le comprendre : un candidat PS qui n’aura pas de majorité dans son propre camp (et ce quel que soit le candidat), un LR (au choix ex-président ou ex premier ministre) avec lequel il faudra s’attendre à un virage ultra-libéral et ultra-sécuritaire (c’est sûr qu’à coté, Valls est un plaisantin), un Mélanchon qui la joue anti-système en étant lui même issu de ce système et qui a mes yeux vend le plus de rêve et Le Pen (comme Mélanchon, le rêve en moins).



 Mélenchon vendre du rêve ? C’est pas forcément le terme que j’aurais employé, mais pourquoi pas ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas voter pour lui ?
 D’accord, il est issu du système, mais signalons deux, non ! trois choses : je ne crois pas qu’il se dise anti-système, c’est les médias qui le présentent comme ça, plutôt, deuxièmement tout le monde est issu du système… nous aussi et d’ailleurs : c’est quoi, « le système » ?


Citation de "damdoom" :

Je suis peut-être pessimiste mais je ne pense pas que l’on verra de grandes avancées sociales dans les années à venir.



 On n’en verra effectivement pas si on ne porte personne au pouvoir qui fera avancer les choses. J’en reviens au Front populaire : depuis le début des années 30, il y avait de grandes grèves, dans un contexte économique de crise (comme aujourd’hui), dans un contexte politique national et international de repli national, raciste et identitaire (comme aujourd’hui)… peu de conquêtes sociales ont été arrachées par ces grèves… jusqu’à l’élection du Front populaire en 1936, qui a apporté la diminution du temps de travail hebdomadaire et les congés payés (parmi les mesures les plus emblématiques).
 Les membres encartés de la SFIO qui sont arrivés au pouvoir étaient pourtant issu du système, quoi que cela puisse vouloir dire.

 Prenons un autre exemple : en mai 68, après un mouvement populaire (quasi exclusivement citadin) de grande ampleur, la CGT signe les accords de Grenelle. Certes, c’est une avancée. Mais une avancée mineure. Face à un pouvoir politique hostile aux revendications ouvrières et, surtout, de la jeunesse, les syndicats majoritaires ont accepté les concessions ; s’il y avait eu une majorité élue favorable à ces revendications (comme en 36), les soixante-huitards auraient obtenu plus.

 Continuons dans les exemples : Lula au Brésil ou Chávez au Vénézuéla pour ne citer que les plus connus en Amérique du Sud, c’est grâce à des élections qu’ils sont arrivés au pouvoir et ont pu commencer à changer les choses dans leur pays, pour mieux répartir les richesses, redistribuer les terres agricoles, etc. Certes, la situation n’est pas encore idéale là-bas (et on vient d’assister à un coup d’État au Brésil, avec le soutien des médias occidentaux, qui relayaient sans réfléchir la propagande de la droite brésilienne, jusqu’à ce qu’on commence à se dire qu’en fait, la situation n’était peut-être pas si simpliste que ça).


Citation de "damdoom" :

La société est devenue individualiste à souhait, les gens se replient sur eux-mêmes avec la peur de ce qui est différent d’eux, la classe politique dans son ensemble surfe sur ces peurs et les attise, les lois liberticides pleuvent sous prétexte de sécurité et tout le monde avale sans broncher...



 Tout le monde, non. Mais les grands médias font tout pour que ces mesures soient acceptées et, surtout, approuvées, voire demandées. Et c’est pas en restant dans son coin, en disant qu’il ne faut plus lire Le Figaro (journal Dassault), plus écouter Europe 1 (radio Lagardère) ou plus regarder TF1 (télé Bouygues) que ça va changer : il faut porter au pouvoir des gens qui mèneront une politique pour faire respecter la non-concentration des médias, qui les rendront réellement indépendants (par une cotisation, sur le modèle des cotisations sociales, comme le propose Le Monde diplomatique, par exemple).
 Qu’on ne fasse pas confiance à quelqu’un qui est élu et fait n’importe quoi, d’accord. Mais dans ce cas, qu’on vote pour le faire dégager et mettre à sa place quelqu’un d’autre ; quitte à prendre le risque d’empirer la situation : sans essayer, on ne peut pas savoir.
 Et rejeter dos à dos toutes les politiques proposées aux élections (surtout que l’éventail est quand même vachement vaste : des trotskistes libertaires du NPA aux fascistes du FN, des trotskistes étatistes de LO aux ultralibéraux de certains courants des LR, en passant les écolos de gauche (EELV), les écolos de droite (CAP 21), les souverainistes de gauche (MRC), ceux de droite (MPF, DLR), les socialistes du PG et du PCF, les sociaux-libéraux du PS, les libéraux et néolibéraux du centre et des LR…), les rejeter toutes dos à dos, donc, c’est dire que tous ses valent alors qu’on en a vu qu’une petite partie aux affaires localement (PG, PCF, PS, centre, RPR-UMP-LR, FN) et une toute petite partie seulement aux affaires nationalement (PS, centre, RPR-UMP-LR).


Citation de "damdoom" :

Honnêtement, je ne crois pas à un changement par les hommes politiques et aucun homme non-encarté n’accèdera au pouvoir pour changer quoi que ce soit.



 Pourquoi seul un non-encarté serait-il apte à faire changer les choses ? On a besoin de la force d’un parti derrière soi pour donner de la force à une politique : un candidat sans parti, il n’aura personne pour le soutenir, il devra tout faire tout seul. Et pourquoi faudrait-il se fier à une personne non-encartée ? Ce serait le comble de l’individualisme, je trouve. (Je caricature ta position, je sais.)
 Ce que je veux dire, c’est qu’il faut utiliser tous les leviers à notre disposition pour agir. L’action individuelle, c’est bien ; l’action collective, c’est mieux. Et le vote pour des listes avec les programmes desquelles on est d’accord, c’est une action collective qui permettra de donner de la visibilité à ses idées.

 Je vais prendre un exemple (là encore, c’est caricatural) : que penser de celui qui va dire « Oh ! là, là ! à chaque fois que j’ai fait venir un plombier, il a fait du mauvais travail ! Donc maintenant, quand j’ai une fuite d’eau, je laisse couler ; éventuellement je fais un rafistolage de fortune, mais c’est tout, parce que de toute manière, les plombiers sont tous des incapables qui ne pensent qu’à nous prendre de l’argent. » ?
 Je pense qu’on est d’accord pour lui conseiller deux choses : soit de trouver un nouveau plombier, parce qu’il en existe des bons, soit de devenir plombier lui-même (ou au moins de faire un peu de plomberie en amateur).
 De la même manière : si on n’apprécie pas les responsables politiques, je me répète, mais il suffit de voter pour les faire partir et les remplacer (ils partiront, c’est sûr et certain ; par contre, si on les reconduit indéfiniment au pouvoir, ils risquent de refuser de partir le jour où les dégagera) ou bien de se présenter soi-même aux élections.

Orlulas

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luPosté le Vendredi 7 Octobre 2016 à 11h44 :

Vos deux points de vue se tiennent et je suis totalement d’accord avec cette remarque :
Citation de "Qslakhe" :

Ce que je veux dire, c’est qu’il faut utiliser tous les leviers à notre disposition pour agir.


C’est d’ailleurs pour cette raison que cet Été, après beaucoup d’hésitations et de tergiversations, j’ai pris la décision d’adhérer à un parti politique pour ne pas délaisser ce terrain-là, sans non plus en faire le seul terrain de lutte : de la même façon qu’il ne faut pas mettre tout ses œufs dans le même panier (ou son argent au même endroit), il faut soi-même la source du changement que l’on souhaite pour la société…

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luPosté le Vendredi 7 Octobre 2016 à 16h03 :

Citation de "Orlulas" :

C’est d’ailleurs pour cette raison que cet Été, après beaucoup d’hésitations et de tergiversations, j’ai pris la décision d’adhérer à un parti politique pour ne pas délaisser ce terrain-là, sans non plus en faire le seul terrain de lutte : de la même façon qu’il ne faut pas mettre tout ses œufs dans le même panier (ou son argent au même endroit), il faut soi-même la source du changement que l’on souhaite pour la société…



 J’ai l’impression qu’il manque un verbe dans l’avant-dernière proposition, mais on te comprend.
 Je suis bien d’accord avec ce que tu dis, c’est aussi ce que je pense. J’ai d’ailleurs aussi adhéré à un parti, cet été. Pas forcément celui dont je me reconnais le plus dans le discours, mais celui qui me semble le plus à même de pouvoir gagner des élections (parmi ceux qui ont une ligne politique proche de mes idées, bien sûr). En l’occurrence, pour le dire clairement, c’est le PG (mais pour autant, je suis pas à fond derrière Mélenchon, quoi, et je ne suis pas d’accord avec toutes ses prises de position).

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luPosté le Samedi 8 Octobre 2016 à 14h20 :

Ah oui en effet… ^^
Concernant le Front de Gauche je pense que ce n’est pas une mauvaise idée : j’ai déjà voté 1 ou 2 fois pour Mélenchon.
De mon côté, j’ai préféré choisir un parti hors des sentiers battus mais qui correspond davantage à mes opinions.

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luPosté le Samedi 15 Octobre 2016 à 20h48 :

Moi aussi, Mélanchon est celui qui me séduit le plus dans les idées qu’il propose (et dans ceux qui on une chance d’aller au second tour) bien que je ne sois pas d’accord avec tout ce qu’il propose. Quand je disais que Mélanchon vend du rêve, c’est que j’ai parfois l’impression qu’il bouffe à tous les râteliers et que ses positions sont un peu changeantes selon les interviews et les meetings :
- sur la sortie de l’UE (perso, je suis contre mais c’est un autre débat), il a des propos à géométrie variable : tantôt il prône la sortie, tantôt une modification du fonctionnement de l’UE. Sa position sur le sujet ne me semble pas très claire
- sur la sortie de l’OTAN (là, je suis pour et c’est un autre débat aussi), il semble y être favorable (enfin dernièrement), ce qui n’était pas encore le cas il y a quelques semaines
- sur les relations qu’il souhaite avec la Russie et les Etats-Unis
Après, j’attends de voir ce qu’il proposera sur les points ci-dessus mais aussi en matière économique et sociale.

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luPosté le Dimanche 16 Octobre 2016 à 09h31 :

 Je suis d’accord avec toi sur la sortie de l’Union européenne et de l’Otan (que Mélenchon a toujours voulu quitter, à ma connaissance) et j’ai le même ressenti quant à ce qu’on entend de Mélenchon au sujet de l’UE. Mais avec lui, il faut bien faire attention à chercher l’information à la source et se méfier du prisme médiatique, qui a tendance à déformer ses propos.
 Sur l’Europe, il a eu une formule que j’aime bien : l’Europe, on la change ou on la quitte. L’idée n’étant pas de quitter purement et simplement l’Union européenne, mais de sortir de certains traités, notamment les traités antisociaux, imposés sans consultation des Européens, ni même de leurs représentants élus.

 Mais pour ce qui est de sa germanophobie et de son souverainisme, là, c’est pas juste une déformation par les médias. Et c’est le truc qui me dérange chez lui, plus que sa naïveté (si c’en est bien) vis à vis de Poutine (arrêter les provocations envers la Russie, d’accord, mais soutenir que la voie diplomatique apportera les solutions qu’il faut… je n’arrive pas à penser qu’un mec comme Poutine soit prêt à se mettre autour d’une table pour discuter sereinement).

Orlulas

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luPosté le Lundi 17 Octobre 2016 à 12h37 :

Après, rien ne nous garanti qu’il ne fera pas comme Hollande sitôt élu et renier la quasi-totalité de son programme électoral !

damdoom

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luPosté le Lundi 17 Octobre 2016 à 13h25 :

Citation de "Qslakhe" :

 Mais dans ce cas, qu’on vote pour le faire dégager et mettre à sa place quelqu’un d’autre ; quitte à prendre le risque d’empirer la situation : sans essayer, on ne peut pas savoir.



[troll]Dans ce cas, autant voter Le Pen[/troll]

Citation de "Qslakhe" :

Après, rien ne nous garanti qu’il ne fera pas comme Hollande sitôt élu et renier la quasi-totalité de son programme électoral !



C’est clair... Les promesses n’engagent que ceux qui y croient !

En ce moment, j’écoute une chronique sur France Info qui s’intitule "Moi Président" dans laquelle, chaque jour, une personne de la vie civile parle d’une mesure qu’il prendrait s’il était président. C’est pas mal et ça parle des problématiques vus par des gens de l’intérieur (un avocat, un juge, un médecin, un académicien, un musicien, etc...) et la plupart des mesures que proposent ces gens semblent découler du bon sens et ne coûterait pas un centimes aux collectivités. Bon de temps en temps, ils invitent un homme politique ou un énarque et c’est beaucoup plus plat et inutile.